Crise… de croissance pour le SoFAB
24 février 2020
La ruche SoFAB accélère avec Julien Holtzer, Xavier Lebreton et Franck Lavagna
Le tiers-lieu siglé Telecom Valley a bien digéré sa croissance, et sa maturité n’entache en rien son dynamisme et sa créativité, boostés par une équipe renforcée et un moral d’acier au vu du succès rencontré.
2020-2021, du renouveau à l’accélération… Et la baseline prend corps dès l’entrée dans les locaux, nichés au cœur du Campus SophiaTech, où s’agite une farandole d’imprimantes 3D. Ce jour, elles planchent de concert sur la modélisation de nouveaux ponts à reconstruire dans la Roya… Et au plus dur de la crise, elles étaient dévolues à la fabrication de visières à destination des professionnels de santé.
Un lieu d’expérimentation matérielle
C’est ça, toute la magie du SoFAB couvé par Telecom Valley, un joyeux cocktail de numérique et de clef de 12, de découpe laser et de machine à coudre, à partager sans modération entre étudiants, artisans, entreprises, artistes en pleine crise de création. Déjà 5 ans pour la structure sophipolitaine impulsée sous l’ère Flamand, past-président de Telecom Valley, et démultipliée sous la mandature Bossard-Lavagna. Atypique et conviviale, elle ne s’est pas laissée démonter par la crise sanitaire, surfant sur son volet digital pour que les échanges entre « makers » perdurent, accélérant même sur les formations à distance, pour un retour présentiel encore plus créatif. « Un tiers-lieu multi-facettes, bien au-delà des seules machines numériques. Ici, l’important, c’est bien la communauté, et tous ceux qui la font vivre. Au SoFAB, l’essentiel, c’est d’apporter quelque chose aux autres« , synthétise Franck Lavagna sous sa casquette co-présidentielle, visiblement heureux dans ce laboratoire d’expérimentation à l’usage des Azuréens, toutes disciplines et toutes générations confondues.
Ici, on ne pense pas forcément prototypage, plutôt essai de « qualité matérielle », un peu le pendant du test logiciel vu par le prisme de l’objet physique. On aurait pu penser que l’interlude sanitaire aurait eu un impact sur le moral des troupes. « Au contraire, la crise Covid a renforcé la solidarité, la cohésion des usagers, souvent des indépendants dans des situations professionnelles délicates, qui ont trouvé au SoFAB des opportunités d’échanges, de formations, de projection« , résume Julien Holtzer, bénévole historique issu des rangs de CapGemini, fan inconditionnel de ce fonctionnement collaboratif, de cet open source spirit qui transpire pour la bonne cause, de cette ouverture aux compétences et aux outils pour tous.
Fonctionnement 100% collaboratif
Un collaboratif qui s’applique aussi à la structure, 225m2 mis à dispo par PolyTech (il faudra peut-être encore pousser un peu les murs…), avec le soutien plein et entier de l’Etat, de la CASA, de la Région (pour 200.000€ consentis sur le volet des machines et outils), et pour la livraison de « consommables » (comprenez les supports et matières, mais aussi la mise à dispo d’un SoFAB manager, voir ci-dessous) c’est Telecom Valley qui régale, en qualité d’animateur de l’écosystème.
Entretien et maintenance sont quant à eux assurés via les abonnements, 610 au compteur hors étudiants Polytech, le fonctionnement 100% collaboratif du lieu leur garantissant logiquement l’immunité tarifaire. « C‘est aussi pour nous une sorte de réserve à réattribuer au gré des besoins des utilisateurs« , complète Franck Lavagna. So fabulous, ces abonnements ont grimpé d’une centaine de têtes depuis octobre dernier, une sacrée preuve de concept (et un test qualité réussi) pour une structure bien dans ses baskets collectives. Symbole de solidarité pendant la crise, de créativité continue, le SoFAB ne serait-il pas la juste définition de la fertilisation croisée à la sauce sophipolitaine ?
Un nouveau SoFAB manager embarqué
Réorganisation générale devant l’engouement des usagers. A son arrivée en octobre, Xavier Lebreton n’a pas débarqué en terrain inconnu : des études à PolyTech, de l’expérience sophipolitaine à revendre (il a travaillé pour Amadeus), une attirance bienvenue pour la mécanique, il cumule tous les atouts d’un couteau suisse efficace et investi, jusque dans sa vision d’un lieu « démocratisé où tout le monde peut venir construire son projet« . Carton plein pour la nouvelle recrue telecom-vallienne, qui a illico adopté l’abonnement plutôt que la tarification horaire, « qui ne correspond pas à l’esprit du SoFAB. On vient aussi ici pour découvrir d’autres technos, pour s’ouvrir, pour essayer, pour apprendre, pour se tromper et avancer…«
A son actif aussi, des fréquences sur-cadencées côté formations proposées en distanciel, pour venir ensuite se frotter au test grandeur réelle in situ. Atypique et motivé, il accompagne le néophyte, la startup venue prototyper des accessoires pour augmenter ses drones, le passionné de vieilles autos en manque de pièces détachées avec le même entrain. Sur son planning aussi, la mise à feu ou l’extension de partenariats, avec UCA ou ArtiLab, le Fab Lab de la Chambre de métiers installé sur Carros. « L’objectif, c’est de mettre en valeur nos différences côté équipements, machines, pour offrir un maximum de solutions et de compétences, quels que soient les projets. » Le SoFAB accueille les grands comptes comme Les Petits Débrouillards, un collectif venu de l’Ariane, « pourpourquoi pas, à terme, les épauler dans la création de leur propre tiers-lieu, à Nice ? » Au menu encore, un soutien sans faille à l’entrepreneuriat étudiant, une marotte pour Telecom Valley, et le retour de quelques rendez-vous agitateurs d’idées et d’innovations, comme ces Trophées des objets connectés programmés en fin de printemps.